J’ai pardonné à mon bourreau

26/04/2023 | Témoignages

Je suis née en métropole d’une mère réunionnaise et d’un père métropolitain. À mes un an, mes parents ont décidé de venir s’installer à la Réunion. Puis, un an et demi plus tard, mon père nous a abandonné ma mère et moi pour d’autres femmes et aussi pour son addiction à l’alcool. Je n’ai pour ma part aucun souvenir de lui.

J’ai donc grandi chez mes grands-parents de confession catholique. Ils s’occupaient de moi pendant que ma mère allait travailler chaque jour pour qu’on ne manque de rien. Les années passèrent et malgré la misère, j’ai aimé cette période de ma vie.

Un jour, ma mère décida qu’on allait partir pour vivre en métropole. Elle me disait qu’on serait plus heureux là-bas et qu’on aurait une maison à nous sur Grenoble. J’avais huit ans quand le jour du voyage arriva.

Après être enfin arrivée, ma mère m’a annoncé qu’une personne viendrait nous récupérer pour nous emmener chez lui. Cet homme allait devenir par la suite mon beau-père. Je ne comprenais pas tout, mais je faisais confiance aux décisions de ma mère. La première rencontre avec cet homme s’est faite assez simplement, il avait l’air gentil. Nous nous sommes retrouvés par la suite à vivre dans un appartement avec une seule chambre, dans un immeuble de quartier, tandis que lui avait sa maison à la campagne.

Au début, cet homme venait nous rendre visite de temps en temps, jusqu’au jour où il a commencé à passer des nuits chez nous. Il dormait dans la chambre avec ma mère et moi sur le canapé du salon. Ma mère travaillait en tant que femme de ménage. Elle se réveillait donc à 4h du matin pour travailler et moi je me réveillais seule pour aller à l’école.

Un matin je me suis réveillée brusquement car je sentais comme des caresses entre mes cuisses. En ouvrant les yeux, j’ai vu mon beau-père qui me faisait des « choses bizarres ». Je lui ai de suite dit que j’avais peur. Il a mis sa main sur ma bouche, il m’a dit de ne pas faire de bruit, qu’il n’y avait rien de grave et que tout allait bien. Ensuite, il est parti.

À partir de ce jour-là ma vie a basculé. Plus le temps passait, plus les attouchements devenaient insistant et brutal : il se frottait contre moi et il était si lourd que j’avais du mal à respirer ; il m’interdisait de fermer la porte de la salle de bain pour m’observer ; il laissait la porte de leur chambre ouverte, pour que j’entende les choses obscènes qu’ils faisaient. Tous les soirs je dormais avec la peur et les larmes.

Le jour qui m’a le plus marqué est un mercredi après-midi: ce jour-là il est arrivé, m’a prise de force et m’a jetée sur le lit de leur chambre. Il m’a déshabillée, attachée aux barreaux avec le cordon du téléphone et a bandé ma bouche avec un foulard pour que je ne crie pas. Ce jour-là est celui où il m’a fait le plus mal. Il m’a violé. Quand il avait fini, il m’a portée jusqu’à la salle de bain, et m’a dit qu’un jour je le remercierai. Après qu’il ait quitté la pièce, je suis tombée sous la douche, j’ai laissé couler l’eau sur moi, et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.

J’ai subi ce calvaire pendant huit ans, jusqu’à l’âge de mes seize ans. J’étais en échec scolaire, je bâchais les cours pour aller fumer des joins et boire. J’étais devenue rebelle. Lorsque j’ai décidé de dire à ma mère toute la vérité, elle a pris conscience de la souffrance dans laquelle j’étais et m’a renvoyée à la Réunion, près de la famille. Malheuresement, le mal était fait.

À l’âge de quarante ans j’ai rencontré Jésus. Il a touché mon coeur, m’a appelé à devenir son enfant, il a changé ma vie. Six années plus tard, par la grâce de Dieu, j’ai pardonné à mon bourreau.

Je rends grâce à Dieu de m’avoir délivré de ce mal-être qui me rongeait. Malgré les séquelles qui découlent du passé, Jésus est celui qui m’a puissamment relevé. Je sais aujourd’hui que Jésus seul est suffisamment puissant pour nous relever d’un tel passé. Gloire à Dieu !

 

Gaelle